mercredi 3 juin 2009

Le Bâtisseur d'épure (2)

"Il fallait croire que Cheval avait usé ici des matériaux divers et des techniques diverses pour mieux laisser fleurir, amener à floraison ou éclosion des boursouflures qui paraissaient contenir la panoplie entière de ce que la terre aurait porté déjà d'architectures druidesses, druidiques, et qu'on voyait alors se déployer : chapelle ardente, cendres dressées pour la postérité – pour la poste hériter ?" (G. Manset)



Crédits photog. collection Palais Idéal /Fabien de Costa

Par ces termes, le roman de Gérard Manset semble avoir repris la suite de l'étude d'Alain Borne mais vécue de l'intérieur. Le personnage principal du roman, un journaliste, arpente les continents, de l'Amérique du Sud à l'Inde, afin de trouver la trace de l'inspiration du facteur, voire le facteur lui-même. Déjà Alain Borne se posait la question des connaissances culturelles du facteur : "on croit savoir que Ferdinand Cheval a servi en Afrique du Nord, […] un tel voyage cependant ne saurait suffire à expliquer la connaissance que Ferdinand Cheval semble posséder des monuments exotiques de différentes périodes."


"On franchissait les siècles." (G. Manset)


La quête insatiable du journaliste le conduit dans des lieux incertains, non pas ceux d'un palais idéal mais plutôt d'un château kafkaien, il parcourt les pays, les rues, préfère la nuit, rêve, perd connaissance, rencontre les déesses, les chamanes, les bouddhas, bref ce n'est que troubles, hallucinations, égarements dans un vertige quasi permanent...


...et à force de poursuivre le facteur Cheval, Manset finit par en trouver au moins le surnom :

"J'avais décidé cela : Cheval, que son hagiographie – récit de la vie des saints – s'intitulerait Le Bâtisseur d'épure."



A la poursuite du facteur Cheval / Gérard Manset ; Gallimard, 2008.

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