vendredi 7 novembre 2008

Sur les quais


Si les temps sont incertains, il y a des lieux qui assurent. Je veux parler du musée des beaux-arts du Havre.
La traversée de la ville, en longeant les docks réhabilités que la ville s'approprie avec succès jusqu'à la Porte océane, est déjà une entrée en matière de l'exposition Sur les quais : Ports, docks et dockers, et, en sous-titre, De Boudin à Marquet.

Et l'émotion est au rendez-vous ; et même si on s'y attend, vu le thème et le lieu de sa mise en scène - représentations et impressions portuaires dans ce musée posé sur le rivage-, on veut quand même être surpris et cela se produit !

Que ce soit devant l'étendue du Port du Havre (1874) de Monet ou l'intimité du Vieux Port de Marseille (1929) de Josué Gaboriaud [à droite] , qu'on soit séduit par le dépouillement aux tonalités froides du Port d'Ostende de Léon Spilliaert ou les atmosphères douces d'Albert Marquet, peintre fauviste habitué des ports, nous nous régalons d'une exposition de 150 oeuvres d'une sidérante profusion.
Boudin, Marquet, Monet, Pissarro, Jongkind, Mozin, et aussi Parrot, Whistler, Gustave Doré, Charles Camoin, Maximilien Luce et ceux que j'oublie...
Le Havre, Bordeaux, Rouen, Honfleur, Brest, Paris, Marseille, Nantes, Londres, Stockholm..., tous ces ports qui, par essence même, sont une invitation aux voyages, sont là devant nous. Le regard de ces artistes nous donne à voir l’évolution du port et de ses activités, avec un intérêt chronologique croissant pour les hommes, débardeurs (futurs "dockers") ou simples charbonniers, depuis les années 1850 jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Car ce sont ces hommes (et bien peu de femmes) les maillons essentiels à la marche de l'histoire industrielle.
Le Coltineur de charbon de Gervex [ci-contre], Le Débardeur, La Raccomodeuse de sacs, Les Loqueteux du port de Rouen, Les Débardeurs de ciment, la Pesée des sacs de grains, La Couseuse de sacs, Bateaux d'ouvriers dans le port de Hambourg : des titres qui en disent long sur l'évolution de la représentation portuaire, des titres qui traduisent le souci pour les artistes de témoigner, par un réalisme puissant, de cette activité humaine intimement liée à l'industrialisation.

Huiles sur toile et aquarelles bien sûr, mais aussi des bronzes qui forcent le respect (Le portefaix de Constantin Meunier, sculpteur et militant socialiste belge), gravures et eaux-fortes (aah ! les lithographies japonisantes des Trente-Six Vues de la Tour Eiffel de Henri Rivière, ci-dessous à gauche), des photographies en grand nombre (Schmidt & Kofahl, Le Port de Hambourg, ci-dessous à droite) et même une vidéo sur Marseille.











A ne pas manquer au 1er étage : les 5 aquarelles grand format d'Yvan Salomone, né en 1957, sur des chantiers et des sites industriels de Dieppe.

C'est un très bel événement - accompagné d'un catalogue de qualité- qui poursuivra sa route vers Bordeaux.

Jusqu'au 25 janvier 2009
Musée André Malraux
76600 Le Havre
0235196262

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