vendredi 31 octobre 2008

La bibliothécaire en vadrouille...

Etape 1 : bibliothèques en Inde : Pondichéry

Alors que l'automne s'installait gentiment sur la campagne normande, et que les cheminées laissaient échapper leurs premières fumées, je bouclais mon sac à dos et faisais reluire mes sandalettes ; direction les cocotiers, la Mer du Bengale, et la poussière du Tamil Nadu.
Bon, j'avoue qu'en guise de poussière, j'ai surtout trouvé des chemins boueux, détrempés par une mousson précoce...
Ajoutez à cela une circulation cahotique, un milliard d'indiens, des chiens errants et japants, des auto-rickshaws moustachus fermement décidés à vous emmener partout où vous ne voulez pas aller, et une habitude inexpliquée des conducteurs à garder la main sur le klaxonne en toutes circonstances ; vous comprendrez aisément pourquoi l'occidentale que je suis aspirait, dès le troisième jour de "vacances", au silence et à un endroit sec.
Que faire dans ce cas ?
La même chose qu'à la maison ! Trouver, vite, une bibliothèque.

Et sur ma route, à travers le Tamil Nadu, il y en eut plusieurs.

Dans la ville de Pondichéry (Pudduchery pour les indiens), entre deux villas coloniales défraichies, Rue de Suffren, trône, comme une dernière preuve de la présence française en Inde, la prestigieuse Alliance Française.

Un porche, un gardien en uniforme, des dizaines de vélos alignés, quelques étudiants parlants la langue de Labourdonnais, et des affiches de cinéma français. C'est bien là !
J'entre donc.
"Vanakam", l'habitude du bonjour en tamil.
Auquel on me répond par un doux "Bonjour".

L'Alliance française est un endroit bien connu des habitants de Pondichéry ; de même que le Lycée français, le Consulat (si cher à mon coeur !), l'Hôtel de Ville ou le Lycée français d'Extrême-Orient.
On y dispense des cours de français, on y reçoit des écrivains en résidence (Jean Echenoz ou Pierrette Fleutiaux ont eu la chance d'y séjourner pendant un mois), on travaille au rayonnement de la culture française.

Au premier étage de la batisse, la bibliothèque.


Le directeur de l'Alliance m'a gentiment proposé une visite.
Une grande terrasse vous accueille : fauteuils de style colonial, tables basses en rotin, à l'ombre des palmiers. Incroyable ! voilà ce que je me disais. C'est l'endroit idéal pour poser mes valises !
Et puis je suis entrée dans la bibliothèque ; et là, je dois avouer ma déception.
Les collections sont vieillissantes ; livres jaunis ou même carrément moisis (Ah ! le climat indien, un casse-tête pour la conservation des documents) ; certains documents sont même tout à fait obsolètes (j'ai trouvé sur les rayonnages un livre intitulé "L'etat de la Yougoslavie aujourd'hui", datant du milieu des années 80).
Le directeur m'explique que, faute de moyens à hauteur des ambitions, une grande partie des collections provient de dons de bibliothèques françaises (je ne les nommerai pas ici...), pas des livres neufs, non, des livres "désherbés"...
Bel élan du coeur qui consiste à envoyer à ces "pauvres indiens sous-développés" des livres que l'on estime impropres aux lecteurs français !
Selon moi, rien d'autre que du mépris et de la condescendance, camouflés derrière ce que l'on appelle "charité". (je ne nomme pas ces bibliothèques, je n'en pense pas moins de leur action)
Il se trouvera toujours quelqu'un pour dire "c'est toujours mieux que rien" ; "mais enfin, de toute façon ils n'ont rien", soit. Mais que l'on réfléchisse deux secondes (il n'en faut pas plus) au coût que représente l'expédition des cartons de vieux livres en Inde ; cet argent aurait mieux fait d'être donné directement à l'Alliance pour l'achat de livres adéquats aux besoin des lecteurs... mais peut être estime-t-on que personne là-bas ne saurait comment les dépenser de façon intelligente et réfléchie. (je ne les nomme pas, mais ils m'agacent profondément !)

Passé l'énervement, j'ai flâné dans la bibliothèque (le lieu s'y prête !), avec mes questions de bibliothécaire de l'ouest...
La bibliothèque étant en cours d'informatisation, vous trouvez encore dans les livres les fameuses fiches d'emprunts. Je n'ai pas pu résister...
Bilan de ma curiosité : quelques bonnes surprises : les auteurs classiques sont empruntés régulièrement ; j'ai trouvé la plupart des livres d'Annie Ernaux (c'est ma petite obsession...) ; et puis j'ai voulu faire la critique snob, et pleine d'idées reçues : j'ai cherché quelques auteurs sulfureux... me disant très simplement, et très bêtement aussi, qu'en Inde, en plein Tamil Nadu, il était inconcevable de trouver des textes un peu osés sur la sexualité, notamment ; comme ceux de Michel Houllebecq, Catherine Cusset, Dany Laferrière, ou Catherine Millet... et bien, tout faux ! tous ces auteurs sont présents dans les collections de l'Alliance (et ce sont des livres neufs, donc achetés par l'équipe de l'Alliance).

Et puis, je me suis souvenue, au bout de deux heures de visite que, tout de même, j'étais en vacances... J'ai donc pris sous le bras deux bonnes bandes dessinées (des éditions Kailash...), le dernier Paris-Match (un couple présidentiel au soleil, les derniers accessoires de mode indispensables pour la rentrée, au pays où 400 millions d'indiens gagnent moins de 1500 roupies, c'est de bon ton !), j'ai commandé un "pineapple juice" et je me suis posée sur cette merveilleuse terrasse...

Je tiens à remercier ici Michel Houdayer, le directeur de l'Alliance Française, ainsi que sa chaleureuse équipe pour leur accueil.

Demain, 2ème étape sur la route du Tamil Nadu : la bibliothèque de Tanjore...

jeudi 30 octobre 2008

Ranger ses livres

Non ! pas les classer, ça c'est une manie de bibliothécaire. Simplement les ranger dans des meubles ad hoc. Mais vous êtes peut-être lassés des traditionnelles étagères à livres. Alors, j'ai ce qu'il vous faut. Sur l'excellent blog Vagabondages.org on trouve une rubrique toute spécialement consacrée aux dernières créations contemporaines dans ce domaine mobilier (accessoires compris).

Maintenant si vous êtes parmi les heureux possesseurs de l'édition originale de La Description de l'Égypte (1809-1828, 20 vol. in fol. et in-plano) je vous conseille plutôt un meuble sur mesure. Et pourquoi pas une copie de celui qui fut crée tout spécialement pour ce monument de l'édition. Nous en mettons le plan à votre disposition ici.


« Ce meuble en acajou et placage d’acajou le dessus à plateau basculant à la Tronchin est muni de deux lutrins adaptés aux dimensions des planches et gravures qui se fixent sur le plateau par un axe métallique. Il est composé d’un tiroir et de deux vantaux ; le tiroir démasque un bureau à quatre casiers ; derrière les vantaux apparaissent 14 rayonnages à roulettes. Le meuble est décoré de frises sculptés par Danton aux motifs de papyrus, cobras, bâtons liés, colonnes serpentines à chapiteaux de masques nubiens, de cartouches ailées aux armes du royaume d’Egypte. Jacob conçut aussi un meuble spécial en acajou et bronzes dorés, pour contenir cette « œuvre digne de la grande Encyclopédie du siècle des Lumières » [Canal Académie].


mercredi 29 octobre 2008

Rien que pour vos yeux...

Aujourd'hui partons à la découverte de Wikimedia Commons.

Un site de rêve au sens propre et figuré, un site communautaire de stockage de l'image et du son qu'ils soient arrêtés, captés ou en mouvement, un espace virtuel pour l'art de l'image et l'image d'art.

Comme tous les projets 'wiki', ce site est un espace collaboratif dont la particularité est que tous les fichiers multimédias déposés sont sous licence libre*.
[La petite étoile veut dire qu'au bas de l'article, j'ai mis une note concernant 'licence libre' ]

Chaque participant au site laisse libre accès à son fichier sous certaines conditions.
En général, il faut toujours que l'on puisse identifier la source et l'auteur de ce que vous utilisez : donc mettez le titre, le nom de l'auteur dans tous les cas et le maximum d'informations.
Et il faut aussi que vous suivez les spécificités de la licence choisie par l'auteur.

Ainsi si je souhaite utiliser ce superbe papillon monarque, cliché pris par Derek Ramsey, un photographe hors-pair et administrateur actif sur Wikimédia, je peux le reproduire, l'insérer à mon article :
1. en citant la source et l'auteur
2. si le fruit de mon travail est diffusé selon les règles requises - et entre autre lui demander son accord.


Cliquez sur l'image pour accéder à la fiche complète du document stocké sur Wikimédia.

N'hésitez pas à vous y promener entre vidéos, sons et images déposés pour le plaisir des yeux.
En 2 clics, on peut s'inscrire et qui sait peut-être allez-vous devenir un wikimedian invétéré et y verser vos créations numériques au risque d'en voir une promue 'photo de l'année'
Peut-être verra-t-on aussi une vidéo de la béatification de Louis et Zélie Martin 'média du jour' au côté de l'image du jour du 27 octobre 2008 l'emblème pontifical
Une seule réserve sur le site : à quand la version complètement française ?

*Plus d'infos sur les licences libres ? Cliquez ici

mardi 28 octobre 2008

Quand le personnage principal est ami avec Dieu...

Dieu est un pote à moi est le premier roman de Cyril Massaroto. Roman à la fois léger et drôle, parfois troublant, sur l’amitié peu banale que le personnage principal entretient avec Dieu durant toute sa vie.

L’histoire débute avec un homme de trente ans travaillant dans un sex-shop. Dieu choisit alors de lui parler, à lui et à personne d’autre. Pourquoi ? C’est la question que se pose notre personnage, mais à laquelle Dieu ne répond pas tout de suite. S’ensuivent des dialogues souvent drôles entre les deux amis, jusqu’à ce que tout tourne mal. C’est alors que le lecteur a le droit à quelques passages particulièrement difficiles, mais qui, au final, donnent toute sa profondeur à l’histoire.

Petit extrait d’un dialogue entre Dieu et notre personnage :

« - L’amour, c’est moi la poésie c’est moi, la vulgarité c’est aussi moi, la littérature c’est moi, la musique c’est moi, l’humour c’est moi…

- La modestie c’est quelqu’un d’autre apparemment… ».

samedi 25 octobre 2008

Le livre à toutes les sauces !

Mois de septembre, mois des livres... en piles !

Les personnes connaissant le milieu des livres savent que le mois de septembre est le mois de la rentrée littéraire. D'ailleurs même les personnes ne lisant pas ou peu et ne fréquentant pas ou peu les librairies et les bibliothèques le savent aussi. Il y a un tel tapage médiatique autour de cet évènement qu'à moins de vivre en ermite au fond d'une grotte dans le Lot ou un autre département paumé, vous ne pouvez pas y couper. Les ermites se faisant rares par les temps qui courent, on peut donc considérer que tout le monde est au courant.
Je n'ai jamais aimé le mois de septembre (synonyme de fin des vacances pour l'écolier que j'ai été), et maintenant c'est celui du grand raout commercial appelé pompeusement "rentrée littéraire".

Que se passe t il au cours du mois de septembre ?
Ben les (gros) éditeurs inondent les librairies et dans une moindre mesure les bibliothèques avec des bouquins à 99% inutiles et qui pour la plupart ne survivront pas dans les rayons après le mois d'octobre. Amélie Nothomb nous ressert sa prose fast-food, quelques gros auteurs nous pondront quelques pavés bien sentis et toutes une palanquée de plus ou moins connus tenteront de trouver leur public avant de finir au pilon. Mois bien triste donc !

[Une lueur d'espoir est permise car si vous souhaitez lire les bons romans de la rentrée littéraire (les 1% valables) vous pouvez toujours les emprunter à la médiathèque. Une sélection rigoureuse a été effectuée par Stéphanie.]

Parlons aussi des prix littéraires ! Ben oui parlons en des prix littéraires !
Ils ont un fonctionnement opposé à celui de la rentrée littéraire. En effet dans le premier cas tous les éditeurs peuvent participer à cette course à l'échalote. Dans le second cas, il s'agit d'un tribunal qui dans le plus grand secret décide et décrète quels livres il va falloir lire de peur de passer pour un demeuré. C'est une vaste fumisterie commerciale déjà dénoncé en son temps par un auteur que j'apprécie beaucoup Jacques Sternberg.

Voici un lien vers une vidéo de l'INA ou il s'exprime sur les prix littéraires :
http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAB7501415401
C'est d'ailleurs l'occasion pour vous de découvrir ou redécouvrir cet excellent auteur que je vous recommande chaudement. Si vous ne connaissez pas Jacques Sternberg vous pouvez (devez !) cliquer ici.
Au rythme ou se créent les prix littéraires, on aura bientôt un prix littéraire 2.0 ! Tiens ça c'est une idée :-)

Alors que faire ?
La première règle est de na pas acheter de livre de la rentrée littéraire !
La deuxième règle est de mettre l'argent ainsi économisé de côté et quand les piles de papiers des librairies sont enfin vendus ou pilonnées, rechercher les perles rares d'éditeurs dont on ne parle jamais.
Troisième règle, faire comme tout le monde et passez votre temps à parler de livres de la rentrée littéraire que vous n'avez pas lu.

Alors qu'elle est donc l'actualité littéraire du côté de "l'édition pas en pile" ?

Je commence par la réédition du recueil de nouvelles "Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes" de Julien Champredon chez les toujours très bonnes éditions Monsieur Toussaint Louverture. Au fil de ces nouvelles, l'auteur nous raconte des histoires burlesques avec un style et un humour remarquable. Toujours chez cet éditeur vous pouvez aussi retrouver "Remarquable n'est ce pas !"de Robert Benchley (Dispo à la médiathèque).
Vous voulez en savoir plus sur Monsieur Toussaint Louverture, c'est ici.

Dans le domaine fantastique et SF, notons la sortie de deux ouvrages de Jeff Noon chez les très bonnes éditions La Volte. Il s'agit de "Nymphormation" et de "Pixel Juice". Dans le premier, l'auteur nous raconte une histoire dont l'intrigue tourne autour d'un jeu de loteri à base de dominos qui subjuge toute la population de Manchester. Certains vont essayer de décrypter le mystère mathématique qui se cache derrière son fonctionnement... Bouquin Hallucinant et halluciné, à lire de toute urgence si vous êtes fan de SF. Le second livre publié par La Volte de Noon est un recueil de nouvelles de l'auteur. Les nouvelles présentes dans cet ouvrage sont dans le plus pur style de ce qu'a fait Noon jusqu'à présent : Décalé, trash, poétique... Totalement unique !
Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur, vous pouvez vous faire une idée sur lui en empruntant ses deux premiers romans publiés en France "Pollen" et "Vurt" qui sont disponibles dans le rayon SF de la médiathèque. Une expérience unique de lecture...


Parlons BD maintenant !

Dans le domaine de la BD les éditeurs ne sont pas en reste. Je ne vous parlerai pas de l'adaptation du petit Prince de Johan Sfarr, tout le monde va l'acheter. Par contre chez les requins marteaux, saluons la sortie de la dernière BD de Martes Bathori "La revanche des palmipèdes". Cet ouvrage fait suite à Utopia Porcina dont je vous avais déjà parlé ici.

Les requins ont une actualité très riche je vous invite fortement à aller sur leur site (toujours pas terrible) afin d'en savoir plus. Je ne résiste pas aussi au plaisir de vous présenter les superbes affiches que ce collectif déjanté propose.


Voici deux exemples :
























Décidément ces gens là ne respectent rien ! Je pense qu'ils auront bientôt leur trombinoscope chez EDVIGE ;-)

Toujours dans le domaine de la BD, les éditions Cornelius ont sorties un ouvrage remarquable. Il s'agit de "L'enfer" de Yoshihiro Tatsumi.
Ce manga composé d'une suite de petites histoires est une véritable réussite tant du point de vue de la narration que du dessin. Voici un extrait du blog de Cornelius présentant ce manga :
"Tatsumi décrit comme Balzac les infirmités du corps et de l’âme, la peur et la laideur humaine. Employés, ouvriers, étudiants, écoliers ou putains, ses personnages mènent des vies machinales, tourmentées par les frustrations sexuelles et sociales, hantées par l’angoisse existentielle. C’est le drame quotidien et banal de ces marginaux que raconte sa comédie humaine. Le Japon contemporain rassemble tous les cercles de L’Enfer. Hommes et femmes y tournent en rond, vaincus et fatigués, désespérés et solitaires. Plus grande est la foule, plus grande est la solitude. S’il ne cède jamais au sentimentalisme, il montre une empathie profonde pour les égarés et les perdants que la société abandonne dans son sillage..."
Un ouvrage puissant, remarquable, un incontournable.
Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'article sur le site de Cornelius à cette adresse :
http://www.cornelius.fr/blog/index.php?2008/09/02/261-nouveautes-de-aout-2
Ce n'est pas le seul ouvrage de qualité qu'a publié Cornelius, mais personnellement je trouve que celui ci sort vraiment du lot. Je vous invite à fréquenter régulièrement leur blog afin de vous tenir informé de leur production pas assez mise en avant vu le niveau de qualité atteint.
Le blog est accessible ici.
Ils ont aussi un site Web très sympa que vous pouvez retrouver à cette adresse :
http://www.cornelius.fr/



Enfin Casterman (je sais, ce n'est pas un petit éditeur) édite un ouvrage d'Art Spiegelman. "Breakdowns"Ouvrage magnifique que j'ai débusqué dans les rayonnages d'une librairie de Lisieux. De toutes façons avec Spiegelman on a la garanti de ne pas se planter !
Pour en savoir plus sur cet ouvrage qui retrace une partie de sa vie ainsi que ses premiers travaux sur la bande dessinée, vous pouvez consulter cette page sur le site de l'éditeur.
http://bd.casterman.com/albums_detail.cfm?id=11770
C'est du très bon !




Voilà ce sera tout pour aujourd'hui !
Bonne lecture à tous, et méfiez vous des livres en pile ;-)

N'hésitez pas à nous faire part, en commentaires à ce message des livres que vous avez appréciés et dont on il n'a pas été question lors de la rentrée littéraire !

vendredi 24 octobre 2008

Couvent ou Convent ?

UNE PETITE REMARQUE LEXICOLOGIQUE A PROPOS DU MOT COUVENT

Pourquoi aujourd'hui et depuis deux siècles environ, pas davantage, écrit-on et dit-on couvent au lieu de convent, qui est la forme ancienne et la seule rationnelle ? Convent, légitimement tiré du Latin conventus, assemblée, est la véritable orthographe étymologique, celle que veut le sens du mot et qui s'est perpétuée dans les dérivés ; on dit : règle conventuelle et non règle couventuelle, conventicule et non couventicule, et quand nos pères ont baptisé leur grande assemblée révolutionnaire, ils l'ont appelée Convention et non Couvention. Quel motif a donc pu induire tout le monde à dire couvent et déterminer les écrivains, les Académiciens, dans leur Dictionnaire, à sanctionner ce changement, sans protestation ?

Nous espérions trouver dans Littré la solution de ce petit problème ; mais Littré, qui est excellent presque toujours, est ici médiocre et des plus mal renseignés. Il s'imagine que couvent est la forme régulière, usitée depuis un temps immémorial, et que seuls un petit nombre d'écrivains anciens, très anciens, ont pu employer convent, par fantaisie ou par erreur.

« Couvent », dit-il, « maison religieuse d'hommes ou de femmes. Mettre une fille au couvent. Les seigneurs et les évêques de France mirent, par le consentement du pape Zacharie en 752, Pépin maire du palais sur le trône, et Chilpéric le dernier de leurs rois dans un couvent. (Mézerai, Histoire de France, t. I. dans Richelet) ; Ah ! souffrez qu'un couvent, dans les austérités, Use les tristes jours que le ciel m'a comptés (Molière, Tartufe IV, 3). Après qu'une personne, Bon gré, mal gré, s'est mise en un couvent. (La Fontaine, Mazet) ; etc.

» Remarque. D'après Vaugelas, on écrivait convent, tout en prononçant couvent. On trouve en effet dans Régnier, Sat. XIII : Jour et nuit elle va de convent en convent. La
première édition du Dictionnaire de l'Académie écrit convent. »

Comme si Régnier était le seul qui eût écrit convent ! Outre que l'Anglais, l'Italien et l'Espagnol ont conservé la forme convent et convento, ce qui est déjà une forte présomption en faveur de convent, il n'y en a pas eu d'autre dans notre langue jusqu'à la fin du XVIII siècle, et la première édition du Dictionnaire de l'Académie, qui est de 1694, aurait dû ouvrir là-dessus les yeux à M. Littré. Sans remonter au Roman de la Rose, à Joinville et à Commines, qu'il cite dans la partie historique, Rabelais, Clément Marot, Henri Estienne,n'ont jamais écrit que convent, et les exemples tirés de Mézerai, de La Fontaine, de Molière sont certainement empruntés à des éditions modernes dans lesquelles l'orthographe a été rectifiée ; que prouvent-ils alors ?

Voici comment cette singulière modification du mot convent a pu se produire ; ce n'est pas le seul exemple qu'il y ait, dans notre langue, du changement d'une lettre étymologique en une autre sans valeur, propre seulement à empêcher de reconnaître la filiation des mots. Ainsi, l'emploi de l'u comme voyelle et comme consonne, ayant en ce dernier cas le son du v, est cause que le v a remplacé l'u dans bien des mots où la raison voudrait que l'u fût conservé. Qui se douterait aujourd'hui que plèvre et pleurésie, inflammation de la plèvre, sont dérivés du même terme Grec, πλενρόν, flanc ? On écrivait autrefois pleure. « La fracture des costes du dedans, » dit Ambroise Paré, « à cause qu'elle picque la pleure, excite inflammation ; » personne alors ne pouvait s'étonner que l'inflammation de la pleure s'appelât pleurésie. Quand on employa le v, en typographie, tantôt comme v et tantôt comme u, indifféremment, on imprima plevre, puis quelque correcteur mit un accent grave sur le premier e muet et plèvre finit par prévaloir. Une aventure du même genre a dû arriver à convent. Dans l'écriture ancienne, les u ne sont pas distincts des n, et même actuellement bon nombre de personnes prennent fort peu le soin d'attribuer à ces deux lettres une forme diflerente.

Lors donc que Littré dit, d'après Vaugelas, qu'on écrivait convent, tout en prononçant couvent il se trompe ; c'est tout le contraire : on écrivait couvent, couuent ou couueut, et on prononçait convent, de même qu'on pouvait écrire plevre, en se servant du v voyelle, tout en prononçant pleure ; peu à peu, dans l'un et dans l'autre cas, on a fini par prononcer comme on écrivait.

Voilà une raison, ce nous semble ; mais peut-être y en a-t-il une autre. Les bonnes soeurs des couvents sont extrêmement chatouilleuses et pointilleuses ; il est de certains assemblages de lettres qu'elles ont en horreur, qui sont comme une souillure pour leurs bouches pudiques. Jugez du dépit qu'elles éprouvaient d'être obligées vingt fois par jour de prononcer une de ces syllabes maudites, et en parlant de la pieuse maison qui les abritait ! Convent, convent, toujours convent : fi ! cela fait venir de mauvaises pensées. Elles ont pris tout doucement l'habitude de dire couvent et pour ne pas contrarier ces saintes filles, on a fini par faire comme elles ; mais elles n'ont pas encore aussi bien réussi pour le mot confitures que, par la même raison, elles s'obstinent à prononcer fitures.

Extrait de La Curiosité littéraire et bibliographique : Articles littéraires. Reproductions, extraits et analyses d'ouvrages curieux. Notices de livres rares. anecdotes, etc.- Première série.- Paris : Isidore Liseux, 1880.- Pet in 8° ; IV-224 p. [Exemplaire de la bibliothèque Robarts de l'Université de Toronto disponible sur Internet Archive].

jeudi 23 octobre 2008

Ripailles de terroir


Entre le 24 et le 26 octobre se déroulent deux foires fameusement normandes.

A Vire (Calvados), c'est la foire à l'Andouille, la vingtième cette année.
Elle se déroule sur ces trois jours, et en visitant ce site de la manifestation http://www.foirealandouille.com/, je découvre qu'elle comprend entre autres concours, celui du cri du cochon !
Avis aux détenteurs d'un puissant organe, il est encore temps de s'entraîner...

Andouille de Vire - Andouille de Guéméné, la normande et la bretonne.
Elles sont toutes deux fabriquées manuellement, mais ont des différences notoires : c'est en particulier le mode d'enroulement des boyaux qui les distingue à la coupe.
La viroise est faite à partir de 3 abats de porc et cuite en marmite, la bretonne uniquement à partir du seul chaudin puis fumée.(ci-dessus une "cathédrale" d'andouilles au fumoir).
Les moments forts et délicats de la fabrication de l'andouille de Vire (qui a son propre syndicat de défense) peuvent se trouver sur les pages suivantes :

http://www.andouillerie.fr/html/andouille.htm
http://www
.etab.ac-caen.fr/hotellerie-restauration/Reportages/andouille/andouille.htm

Notons avant de clore ce paragraphe dédié à la tripaille que l'andouillette, quant à elle, se distingue des précédentes parce qu'elle contient de l'intestin de veau - telle l'andouillette d'Alençon- et se consomme le plus souvent grillée .

Pour ceux qui auraient une réticence à manger de l'abat surtout s'il est d'origine digestive- ce qui est mon cas-, ils peuvent se tourner vers les produits de la mer comme ce mollusque bivalve de coquille Saint-Jacques qui aurait 2 yeux catadioptriques (!). Ne sachant pas que la bête a un regard, je n'ai jamais cherché à le croiser...

La Foire à la Coquille de Villers-sur-Mer (Calvados)

Les 25 et 26 octobre la ville couple cet événement annuel avec une fête honorant le Québec, et Fabienne Thibeault dans le rôle de la marraine.
La Normandie représente plus de la moitié de la production française de coquille et, si la pêche en est très réglementée, c'est que la récolte de ce produit, qui se fait à l'aide d'une drague, peut provoquer un appauvrissement des fonds marins si elle est trop intense.



De même qu'elle a pu servir d'écrin à Vénus en inspirant Botticelli (ci-contre), la coquille Saint-Jacques est une fameuse source d'imagination culinaire, dont voici une idée de préparation, extraite du Grand livre gastronomique des Poissons (N 641.52 TOQ, dans le fonds normand) :

Pétales de Saint-Jacques sur frisée aux lardons (4 pers.)

16 coquilles, 1 frisée, 50 g. poitrine fumée, 1/2 dl vinaigrette, 1 citron vert, 100g. beurre.

Faire colorer au beurre 16 noix de coquilles Saint-Jacques assaisonnées et farinées. Les égoutter, les couper en deux et les maintenir au chaud. Assaisonner la frisée avec la vinaigrette, faire revenir les lardons et les jeter chauds sur la salade.
Dresser la salade sur assiette tiède, disposer dessus les pétales de coquilles.
Décorer de dés de citron vert. Napper les coquilles avec un beurre légèrement citronné et assaisonné
.


mercredi 22 octobre 2008

Le portail des copains !

Pour ceux qui souhaitent découvrir des regards différents et parfois décalés sur l'actualité vous pouvez avantageusement profiter du portail.
http://rezo.net dit "Le portail des copains"


Sur ce site vous pouvez retrouver tout un tas d'articles sur beaucoup de thèmes d'actualités. Des articles de blog et toutes sortes de sources sont mises en avant pour aboutir à un portail d'information alternatif de grande qualité.

Des regards critiques sur l'actualité
Les regards portés par les rédacteurs sur l'actualité offrent un point de vue critique (au sens noble du terme) que l'on ne retrouve malheureusement plus dans les journaux à grand tirages de type Le Monde ou Libération (qui est d'ailleurs en train de définitivement couler).
En bonus, chaque jour une citation vous est proposé sur la page d'accueil du site. Pour connaître le ton des citations voici en exemple celle du jour ou j'ai rédigé ce billet :

« Une communauté s’abrutit infiniment plus par un usage régulier de la répression que par une criminalité occasionnelle. » Oscar Wilde


Un portail indispensable, à consulter tous les jours !


mardi 21 octobre 2008

Bouge ta tête, bouge ton corps !!!


A Lisieux, le mercredi 22 octobre, pour « promouvoir les activités sportives et culturelles afin de favoriser l’insertion sociale des jeunes sur Lisieux et permettre aux différents acteurs des milieux sportifs et culturels de Lisieux de se rencontrer et d’être en contact direct avec un public jeunes » :

Bouge ta tête bouge ton corps

Des visites du théâtre, de l’école de musique de la médiathèque auront lieu dès 9h avec des groupes de jeunes.

La journée continue au F.J.T., ouverte au public de 14 h à 18h30 :

Expositions, stands et démonstrations ponctueront l’après-midi et seront animés par les partenaires mobilisés pour cette journée (Le conseil régional - Le service des sports - La médiathèque - Le conservatoire - Le théâtre – Le TANIT - Le réseau d’échanges réciproques de savoirs - L’association Mood Action Professor -Le point information jeunesse…)

samedi 18 octobre 2008

Terre et cendres


L'envie de découvrir Atiq Rahimi, l'auteur afghan de ce livre court -93 pages- Terre et cendres, m'est venue quand mon entourage m'a vivement conseillée de lire son dernier ouvrage Singha Sabour : la pierre de patience, qui sera très bientôt dans nos rayons et est en lice pour le Goncourt.

Terre et cendres.
C'est un moment immobile de la vie d'un vieillard afghan usé et épuisé qui, accompagné de son petit-fils devenu sourd par le bombardement soviétique de leur village, cherche à revoir son fils qui travaille dans une mine éloignée. Son message est court, terriblement court : ils sont les seuls survivants.
C'est le récit de ces deux personnages, respectivement au début et à la fin de la vie, dans l'attente d'un véhicule qui les conduira de ce poste de contrôle perdu dans la montagne, sur une piste désolée et poussiéreuse, jusqu'à l'extrémité de la vallée, jusqu'à Mourad, le mineur.
Le style concis, haché, rendu par une belle traduction du persan de Sabrina Nouri, nous renvoie la moiteur poignante et tragique de ces heures désespérées.
En voici les premières lignes :

- J'ai faim.

Tu sors une pomme du baluchon rouge gol-e-seb, et tu la frottes contre ton vêtement poussiéreux. La pomme n'en est que plus sale. Tu la remets dans le baluchon, en sors une autre, plus propre. Tu la tends à ton petit-fils, Yassin, qui est assis près de toi, la tête contre ton bras fatigué. L'enfant saisit la pomme de ses petites mains crasseuses, la porte à sa bouche. Ses incisives ne sont pas encore sorties. Il essaye de croquer la pomme avec ses canines. Un frisson parcourt ses joues maigres et crevassées. Ses yeux effilés se brident encore plus. La pomme est acide. Son petit nez se rétracte ; il renifle.

Tu t'es assis, le dos tourné au soleil automnal, contre le parapet du pont ; le pont qui, au nord de la ville de Pol-e-Khomri, relie les deux berges de la rivière asséchée. C'est là que passe la route du nord de l'Afghanistan à Kaboul. En s'engageant à gauche à l'entrée du pont sur la piste de terre qui serpente au-delà des collines désertiques, on parvient à la mine de charbon de Karkar...



Atiq Rahimi, né en 1962 à Kaboul, a écrit son dernier roman en français. Il se raconte au cours d'un entretien
http://s.p.a.m.free.fr/02/itw_rahimi.html
Il est aussi réalisateur : il a porté son texte à l'écran, disponible sur DVD au rayon Multimédia (DVD RAH)
.

vendredi 17 octobre 2008

Marionnettes, objets et ombres

« Cent ans dans la forêt »

Libre adaptation du conte de fée de La Belle au bois dormant,
avec Colette Garrigan

Le Samedi 18 octobre à 15h à la Médiathèque

« Nous racontons ce qui se passe pendant les cent ans de sommeil, les cent ans de rêve, les cent ans dans la forêt.
La conteuse, avec des marionnettes et de la musique, emmène le public dans la forêt des rêves de la Belle.
Il y a certes quelque chose qui nous attends au coin de la forêt et c’est notre destin de la rencontrer. »

“va dans la forêt va
va dans la forêt
si tu ne vas pas dans la forêt
jamais rien n’arrivera
jamais ta vie ne commencera”

Colette intervient à Lisieux, dans les Centres de Loisirs, depuis le mercredi 24 octobre.

Avec elle, 24 enfants (8-11ans) se sont familiarisés aux techniques d’ombres : celles créées avec le corps et celles créées avec des objets. Ils ont écrit de petits textes et se sont essayés à la mise en scène.

A l’issue du spectacle, Colette et Franck (chargé de la lumière) échangeront avec les enfants et les parents, sur la manipulation des marionnettes et le spectacle.

Pour en savoir d’avantage sur le travail de Colette : http://cie.akselere.over-blog.com

Spectacle à partir de 3 ans
Entrée libre



jeudi 16 octobre 2008

Sortir ce vendredi 17 octobre

Eugène Durif et / ou Hubert Haddad.
Choisissez votre auteur :

Vendredi 17 octobre à 20h30

Hubert Haddad sera à la Salle des fêtes de Courtonne- la-Meurdrac. Il y accueillera Annie Cohen. Lectures par Cendres Delort. Soirée organisée par la Bibliothèque Départementale de Prêt et la Bibliothèque de Courtonne.

Renseignements et réservations : 02.31.78.78.87

Eugène Durif sera au Théâtre de Lisieux pour une Conférence théâtrale, musicale et déjantée « Nos ancêtres les grenouilles » Par la compagnie l’Envers Du Décor. Renseignements et réservations au 02.31.61.12.13

Hubbert Haddad et Eugène Durif sont chers à nos cœurs. Le premier nous a accompagné lors de l’ouverture de la Médiathèque en 2002-2003 : conférence sur sa pratique des ateliers d’écriture, rencontres d’auteurs. Le second rencontrera nos lecteurs en 2009.

Comment choisir ? Votre Cœur balance Courtonne / Lisieux ou Annie Cohen- Hubert Haddad / Eugène Durif. Une solution « Nos ancêtres les grenouilles » se jouent aussi ce jeudi, mais dépêchez-vous, il n’y a plus beaucoup de places.

mercredi 15 octobre 2008

Thérèse sur YouTube

La biographie filmée de Léonardo Defilippis : Thérèse : The Story of Saint Thérèse of Lisieux (2004) [nous vous en parlions sur ce blog le 11 juillet 2007) accède à la notoriété "internautique". A défaut d'être disponible sur nos écrans et en dvd zone 2, le film vient d'être récemment posté sur You Tube, découpé en 11 séquences (v.o. anglaise sous-titrée en portugais) ... [avis de l'OCFC* : Public concerné et amateurs de "nanars"]

Séquence 1 :



C'était la modeste contribution culturelle et laïque de ce blog aux fêtes de béatification de Louis et Zélie Martin (19 octobre 2008).
*OCFC : Office Catholique Français du Cinéma

mardi 14 octobre 2008

Allaitement : réaction à chaud d'une maman convaincue des bienfaits de l'allaitement et qui a essayé...

Je ne comprends pas pourquoi on organise cette journée d'allaitement. [voir La Grande Tétée]
Toutes les femmes savent qu'il vaut mieux, si on le peut, allaiter le bébé.

Culpabiliser les mères pour que les hésitantes allaitent. Culpabiliser les mères c'est tellement facile.

D'ailleurs j'ai même lu une étude qui décrétait que les enfants allaités étaient plus intelligents ! Donc si votre enfant semble un peu nonoche et que vous ne l'avez pas allaité, c'est de votre faute , mère indigne !!

Les freins à l'allaitement

Allaiter est vraiment un choix. Certaines femmes ne peuvent pas le faire car psychologiquement elles ont l'impression d'être mangées par l'enfant, certaines ne veulent pas" ressembler à une vache " (expression entendue) et certaines ne se sentent pas prêtes sans savoir pourquoi. Elles ne vont pas s'obliger à allaiter quand même, le bébé le sentirait et serait peut-être récalcitrant et le lien créé ne serait pas sain. Une femme peut se sentir incapable d'allaiter et l'y pousser serait fou, cela risquerait de fausser la relation mère-enfant.

Tout et son contraire !

Il serait plus judicieux d'améliorer la qualité des conseils donnés par le personnel soignant pendant l'hospitalisation de la mère. Une première personne dit qu'il faut allaiter à la demande, une deuxième vous dit qu'il faut imposer un rythme au bébé, tant de conseils contradictoires ne facilitent pas les choses... A l'issue de certains accouchements on ne met pas l'enfant tout de suite sur le ventre de la mère et au sein, c'est la mère qui doit le demander !

Le summum du drame arrive quand la nouvelle mère n'arrive pas à allaiter : elle veut bien mais elle ne peut point ! Alors elle finit par comprendre que ses appels répétés pour demander de l'aide ( au choix : le bébé ne tête pas, la montée de lait n'arrive pas ou si faiblement alors il faut compter sur la deuxième montée, les crevasses s'annoncent , il faut mettre un embout en plastique, il faut tirer le lait avec une machine genre à traire terrifiante !) embêtent tout le monde (cela on peut le comprendre, le personnel est réduit et court partout) . Comme cette mère pleure de ne pas avoir de lait, on lui répond qu'elle exagère qu'elle a un enfant en bonne santé , on lui donne un biberon ou on lui donne le conseil de faire moitié bib moitié sein en sachant que la lactation ne sera pas stimulée, que la source va se tarir, que le bébé préférera la tétine du biberon car c'est plus facile, moins fatiguant et que cela arrive plus vite. Le problème sera réglé.

En plus personne ne dit qu'au retour à la maison c'est l'enfer, le lait ne coule pas, bébé ne veut pas se fatiguer, joue avec le bout de sein et hurle parce qu'il a faim, il ne grossit plus ou pire maigrit (inquiétude des parents ! ). La mère lui donne le sein toutes les 2 heures même la nuit, elle craque, elle est super fatiguée et pour peu qu'il y ait d'autres enfants qui attendent qu'on s'occupe d'eux ! Ceux-ci savent se rendre insupportables....ils ont peur d'être oubliés, ils ont bien compris qu'ils ne seront plus allaités ! Et le contact très physique de Maman avec Bébé les dérange alors ils le font comprendre....

NON l'allaitement est très facile pour certaines mais pour d'autres c'est le parcours du combattant et cela gâche le premier mois : cela s'arrange quand la mère dit OK j'ai fait mon devoir on passe au biberon, avec un sentiment d'échec....

Il y a des mères qui veulent mais qui n'y arrivent pas . De grâce arrêtons de les culpabiliser et ajoutons "si on peut , bien .....sinon tant pis"

Et allaiter des enfants assez âgés on peut se demander si c'est pour eux ou pour soi : à un moment il faut lâcher l'enfant.

Certaines mères ne peuvent pas s'occuper de leur enfant , elles ne sont pas prêtes et l'enfant en souffrira forcément( battu ou pas) . Qu'elles allaitent ou pas cela n'a aucune importance, ce qui compte c'est plutôt si elles "voient" leur enfant et de quelle manière : dès l'accouchement on peut détecter certains comportements inquiétants.

L'image de la Mère ce n'est pas une mère allaitant c'est une mère regardant son enfant avec confiance et sérénité.

Dernière chose : l'expérience de l'allaitement je ne l'ai pas faite dans le Calvados, je ne doute pas que l'équipe sur Lisieux qui aide à l'allaitement soit super compétente et efficace !!! E t à l'écoute des mères en détresse...

Je suis triste de voir qu'en France on veuille tout uniformiser. Il n'y a qu'une Vérité et non pas plusieurs. Tout le monde doit faire et croire comme cela , il n' y pas de place pour la nuance. Chaque être est différent, ce qui est bien pour l'un n'est pas forcément bon pour l'autre. Il serait temps d'apprendre la tolérance et de cesser de vouloir faire des moules et des modèles pour TOUT....... et TOUT LE MONDE .......................

samedi 11 octobre 2008

Ukiyo-e


Une très belle exposition à venir organisée par la Fundació Caixa Catalunya et la Bibliothèque nationale de France : Estampes japonaises. Images d’un monde éphémère, à Paris du 18 novembre 2008 au 15 février 2009 à la galerie Mazarine et dans la crypte du site Richelieu [Bibliothèque nationale de France, 58 rue Richelieu, 75002 Paris].


En avant-première et depuis chez vous face à votre écran d'ordinateur découvrez la version virtuelle de l'exposition qui est déjà en ligne : http://expositions.bnf.fr/japonaises/index.htm



Le catalogue de l'exposition en librairie : Estampes japonaises. Images d’un monde éphémère.- Paris, Editions de la BnF (280 p.- 200 illustrations, 22 x 24,5 cm - ISBN : 978-2-7177-2407-3. - Prix : 39 € ).

vendredi 10 octobre 2008

Sans titre ou Scènes de la vie ordinaire en couleurs saturées

Au début de cette année, le centre de photographie de Lectoure, charmante ville du Gers labellisée ville d'art et d'histoire, a accueilli une exposition consacrée aux oeuvres photographiques de William Eggleston intitulée 'L'oeil démocratique'.



William Eggleston est un photographe américain né à Memphis, Tennessee, dans le sud des Etats-Unis où il vit toujours.
Du jour où il a expérimenté la pellicule couleur, il ne l'a plus quittée ou si peu.
Au point que depuis 1976 son nom est irrémédiablement associé à la photographie couleur contemporaine.
De plus, il utilise une technique particulière de tirage pour ses photographies, le dye transfert ou le transfert de colorant.
Je n'entre pas dans les détails de la technique mais si ce procédé n'est pas bon marché, il offre à ses photos une merveilleuse saturation des couleurs, des teintes sensuelles et une fidélité de reproduction supérieure y compris dans le temps.
Jugez-vous même du résultat sur le site qui lui est officiellement consacré.



Jusque ici, je n'ai vu ces photographies qu'en reproduction papier dans de très beaux livres, il est vrai, mais beaucoup m'ont laissée songeuse.
Il y a quelques semaines, Arte TV a diffusé un documentaire sur la vie et l'oeuvre de William Eggleston.
C'est un réel plaisir d'entendre l'artiste commenter le choix de ses cadrages, indiquer les pistes de lecture, les lignes de fuite, les oppositions et jeux entre les structures, les architectures, les textures.



C'est également un bonheur de voir l'homme, toujours élégamment vêtu et chapeauté, se déplacer dans les rues de sa ville ou se faire accompagner en voiture, sortir son Leica et prendre un seul cliché, toujours un seul et unique par sujet.


Parce que ces photos ont toutes un thème récurrent : les scènes de la vie ordinaire.
William Eggleston a commencé par photographier son entourage, ses proches, sa maison puis il a agrandi son cercle. Photographie après photographie, il a butiné dans tous les pays de la vieille Europe à l'extrême Orient en passant par l'Afrique :
Les gens, les proches, les boutiques, les rues sales, les Cadillac, les panneaux de signalisation, les cannettes abandonnées, les bords de route, les tas de ferraille, les maisons, les chiens, la vie urbaine, la vie rurale et dans tout cela un extraordinaire don de l'observation qui vous laisse un peu plus perplexe qu'avant.
A-t-on devant les yeux un instantané banal de notre quotidien ou l'essence captée de notre environnement y compris dans son malaise, son délabrement, son hostilité ?

°-°-°-°-°

Le quotidien parfois si laid, le réel tout cru ne serait-il une oeuvre d'art qu'aux yeux de ceux qui savent le regarder ?
A méditer...

Au printemps prochain, la Fondation Cartier pour l'art contemporain, dépositaire d'une partie des clichés de William Eggleston à Paris, exposera les photographies qu'elle lui a commandité sur le thème de Paris justement. D'ores et déjà, des expositions de ses travaux sont prévues jusqu'en 2011 à Los Angeles!

William Eggleston ne donne pas souvent de titre à ses photographies, beaucoup sont répertoriées comme 'Untitled' (Sans titre)
Sans titre - extrait du portfolio 'Los Alamos' - 2002

jeudi 9 octobre 2008

Lisieux vs I. Liseux

Mais de quoi va-t-il donc encore nous causer le barbon de la Médiathèque ?...

Simplement d'une de ces petites erreurs typographiques et orthographiques qui font la joie du bibliophile. Imaginez la sainte ville de Lisieux, jolie et tranquille petite sous-préfecture du Calvados, dont le nom se voit régulièrement assimilé à celui d'un éditeur sulfureux, dont les ouvrages ont plus souvent circulé sous le manteau que dans les vitrines des libraires. Et où constate-t-on cette fâcheuse coïncidence : dans les guides touristiques, dans l'annuaire du clergé ?...... Non pas ! Pire, dans les très sérieux catalogues de bibliothèques publiques, de libraires d'anciens, dans les revues littéraires universitaires...

Imaginez la ville de Thérèse éditrice de..., confondue avec cet Isidore Lisieux (oups ! voilà que je m'y mets aussi) Liseux (1835 - 1894), prêtre défroqué, qui avec son compère et son double dans le péché Alcide Bonneau (1836-1904), se spécialisa dans la réimpression à petit nombre et sur beau papier de curiosa des siècles passés.

Pour vous édifier et vous instruire un peu, une sélection de quelques beaux titres :

ARISTÆNETUS. – Les Épistres amoureuses d’Aristenet, tournées de Grec en François par Cyre Foucault, sieur de la Coudrière. Réimprimé sur la première édition (Poictiers, 1597). Notice par A. P.-Malassis. Paris, 1876, pet. in18. pp. xii+228.

BLONDEAU, Nicolas. – Dictionnaire érotique Latin-Français, par Nicolas Blondeau, avocat en Parlement, censeur des livres et inspecteur de l’imprimeries de Trévoux (XVIIe siècle). Édité pour la première fois sur le Manuscrit original, avec des notes et additions de François Noël, inspecteur général de l’Université; précédé d’un Essai sur la langue érotique, par le Traducteur du Manuel d’Erotologie de Forberg [Alcide Bonneau]. Paris, 1885. 8vo. pp. lxxxiv+152.

BONNEAU, Alcide. – Les Cadenas et ceintures de chastete, notice historique (par A. Bonneau), suivie du plaidoyer de Freydier, avocat à Nîmes. Paris, 1883. Pp. xl+65.

CHORIER, Nicholas. – Les Dialogues de Luisa Sigea sur les arcanes de l’Amour et de Vénus; ou Satire Sotadique de Nicolas Chorier, prétendue écrite en Espagnol par Luisa Sigea et traduite en Latin par Jean Meursius. Texte Latin revu sur les premières éditions et traduction littérale, la seule complète, par le traducteur des Dialogues de Pietro Aretino [i.e. Alcide Bonneau]. Paris, 1882. 8vo. 4 volumes.

DUVAL, Jacques, Docteur en Médecine. – Traité des Hermaphrodites… Réimprimé sur l'édition unique (Rouen, 1612). [avec une préface par A. Bonneau.] Paris, 1880. pp. cxii+423.

GAGUIN, Robert. – L'Immaculée Conception de la Vierge Marie, poème de Robert Gaguin… suivi de poésies diverses. Traduit pour la première fois, texte latin en regard, par Alcide Bonneau. Paris, 1885. 8vo. pp. lxxii+45.

SINISTRARI, Ludovico Maria. – [De delictis et poenis, extract.] De la Sodomie et particulièrement de la sodomie des femmes, distinguée du tribadisme, par le R.P. Louis Marie Sinistrari d'Ameno… Traduit du latin. Paris, 1883. pp. vi+104.

SINISTRARI, Ludovico Maria. – De la Démonialité et des animaux incubes et succubes, où l'on prouve qu'il existe sur terre des créatures raisonnables autres que l'homme ayant comme lui un corps et une âme, naissant et mourant comme lui, rachetées par N.S. Jésus-Christ et capables de salut ou de damnation, par le R.P. Louis-Marie Sinistrari d'Ameno… Ouvrage inédit, publié d'après le manuscrit original et traduit du latin, par Isidore Liseux… [Seconde édition] Paris, 1876. pp. xix+268.

VIGNALE, Antonio. – La Cazzaria, dialogue priapique de l'Arsiccio Intronato, littéralement traduit pour la première fois, texte italien en regard, par le traducteur des Ragionamenti de P. Aretino [Alcide Bonneau]. Paris, 1882. 8vo. pp. xii+272.

[Ref. : http://scissors-and-paste.net/Isidore_Liseux.html ; http://library.telkamp.eu/liseux/]

Un vrai petit bonheur ! N'est-il pas ? (Il est vrai qu'on se contente de peu ici). Les preuves du "sacrilège" (cliquez sur les images pour vous en assurer !) :






Pour ne pas être en reste la bibliothèque communale de Lisieux conserve (dans son enfer bien sûr) deux ou trois titres de la production dudit I. Lisieux (décidément !) Liseux.


mercredi 8 octobre 2008

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la typographie !

On les utilise sans réellement savoir d'où elles viennent. De quoi je veux parler mais des polices de caractères qui ont toutes une histoire à nous raconter.

Voici un très bon site sur le sujet :
http://www.affaire-esperluette.com/

Ce site très riche et très intéressant vous propose de tout découvrir sur l'histoire des polices de caractères et de leurs créateurs. Il propose aussi des interviews de professionnels des arts graphiques qui vous permettront de mieux appréhender cet univers riche et mal connu du grand public.
De même une bibliographie est disponible pour celles et ceux qui souhaiteraient en apprendre davantage.
Un site intéressant, sur un sujet qui n'est pas si souvent abordé sur le Web. A consulter !