mercredi 10 septembre 2008

Rentrée littéraire - 3ème

Comme vous avez pu le voir grâce à un billet de mon cher collègue Vivian (non non, je n'ai rien de particulier à lui demander...), nous avons fait de la place dans les rayonnages de la médiathèque...
Bonne nouvelle !, on va pouvoir combler cette place libre par de nombreux livres de la rentrée littéraire...

Je continue mes lectures du mois de septembre, sans me laisser gagner par les mini-polémiques autour de cette dite rentrée (trop de livres..., beaucoup d'arbres abatus pour finalement peu d'originalité sous le soleil..., ça n'intéresse que les libraires et les bibliothécaires à chignons..., et j'en passe !)
Dans mon petit sac cette semaine, que du bon ! J'ai de la chance me direz-vous. Oui sans doute, mais je sélectionne...

Paradis Conjugal, Alice Ferney. Albin Michel, 2008

Ce livre-là, je l'attendais depuis un an... Depuis le moment où j'ai lu la dernière phrase du précédent roman d'Alice Ferney : Les autres.
Je passe sur la petite déception de voir qu'elle n'est plus éditée chez Actes Sud (maison que j'aime beaucoup), mais chez Albin Michel (que j'aime beaucoup moins...), et j'attaque ce pavé blanc.
L'histoire : une femme mariée et mère de quatre enfants ressasse en boucle la dernière phrase de son mari, prononcée la veille : "Prépare-toi à dormir toute seule, je ne rentrerai pas ce soir ni les soirs suivants. Je ne rentrerai pas auprès d'une femme qui regarde le même film depuis trois mois". Ce film est Chaines Conjugales de Joseph L. Mankiewicz, dans lequel trois amies en attendent une quatrième ; qui ne viendra pas mais leur fera parvenir un courrier dans lequel elle avoue avoir quitté la ville avec le mari de l'une d'elles... oui, mais laquelle ?

L'héroïne du livre d'Alice Ferney, au travers de la fiction de Mankiewicz, s'interroge sur la naissance de l'amour, sur l'érosion de la passion, sur la flamme amoureuse. Par le biais de la fiction, elle met à distance sa propre histoire.

J'avoue que ce livre, très bousculé par la critique, ne m'a pas déçu du tout. J'ai aimé les analyses des séquences du film qui permettent l'introspection de l'héroïne ; j'ai aimé aussi la langueur des personnages.
Mais tout de même je trouve qu'Alice Ferney ne signe pas l'un de ses meilleurs romans cette année, et que, quitte à en lire un, lisez plutôt Les Autres ou Dans la guerre. (chez Actes Sud, ceux-là !!!)


Nous commençons notre descente, James Meek. Métailié, 2008

Second roman de James Meek, après Un Acte d'amour, qui avait été un grand plaisir de lecture pour moi, Nous commençons notre descente est une vraie réussite ; un roman "romanesque", avec un souffle qui nous emporte, dans la descente aux enfers de son personnage, de l'Afghanistan aux Etats-Unis, d'une femme à une autre, d'amis de toujours aux inconnus en qui il va être contraint de se reconnaître.
Je ne peux pas vous en dire trop, sans gâcher l'effet de surprise, mais sachez qu'il va être question de littérature, de journalisme (James Meek est d'abord journaliste), de femmes, toujours de femmes, de celles qu'on aime, qu'on n'aime plus, de celles qui vous aiment ou ne vous aiment pas.
La traduction assurée par David Fauquemberg (auteur du remarqué Nullarbor) est d'une qualité rare !


Le Soldat et le gramophone, Sasa Stanisic. Stock, 2008

Et là, chef-d'oeuvre !
Parfaitement !

Premier roman d'un jeune auteur serbo-croate, Le Soldat et le gramophone nous plonge dans la Yougoslavie d'avant l'éclatement, puis dans la guerre. Roman foisonnant, à l'écriture dense, il nous laisse peu de répit au fil de la lecture, on a toujours l'impression d'être en apnée, puis bousculé par des changements de temporalité.
On croirait regarder un film de Kusturica, tant dans la loufoquerie des personnages, que dans le débordement de sentiments et de sensations.
Roman difficile aussi dans le thème qu'il aborde, celui de la guerre en ex-Yougoslavie ; et dans la forme choisie par Sasa Stanisic, à la limite de l'autobiographie. Mais avec un humour jovial et grinçant parfois, l'auteur désamorce systématiquement cette impression. Et ce n'est pas le moindre de ses talents que de masquer sa pudeur et sa souffrance derrière l'exubérance de ses personnages.
Mais pourtant, au cours de ma lecture, et malgré de nombreux éclats de rire, il y avait toujours cette phrase, terrible, du film Underground de Kusturica, qui résonnait : "Une guerre n'est pas une guerre tant qu'un frère ne tue pas son frère".

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