mardi 1 juillet 2008

Aubervilliers

Bientôt les vacances. C'est le moment de choisir quelques livres. Entre deux romans et essais contemporains, n'hésitez pas à glisser dans votre valise, un extraordinaire docu-fiction (c'est comme ça que l'on dit maintenant sur les TV culturelles) de 1912. Un de ces beaux et simples livres qui témoignent de la peine des hommes.

Aubervilliers par Léon Bonneff (1882-1914) disponible à la Médiathèque dans l'édition donnée en 2000 par les éditions L'Esprit des Péninsules avec une préface de Didier Daeninckx.

Un voyage dans la banlieue de Paris (le 93) que vous ne regretterez pas.

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Extrait de la préface d'Henri Poulaille (1896-1980), un autre des grands auteurs prolétariens du siècle dernier, à l'édition de 1949 (publiée par l'Amitié par le Livre) :

« ... Un document humain avant que d'être une œuvre artistique. C'est une fres­que vivante, un film dirons-nous plus justement, sur la partie la plus triste de la banlieue nord. Léon Bonneff a mené son enquête en syndicaliste plus qu'en journaliste et s'est préoccupé davantage des conditions où vivaient ses héros que de l'agencement de ses chapitres. On le constatera notamment au dé­but, le premier est quelque peu lâché. Ces pages ne sont pas d'un artiste. Il était un homme avant tout. Mais quelle acuité de vision ! Tour à tour, au cours du récit, il nous mène chez l'équarrisseur, aux usines d'engrais, aux boyauderies, aux usines de superphosphates, à celles d'artifices, aux parfumeries, aux abat­toirs... Historien, il n'a garde d'omettre ni les maraî­chers, ni les petits métiers, ni les petits faits de la vie de tous les jours dans la ville grise. La rue et ses maisons casernes, les bistrots, les bals, les commer­çants, et cela nous vaut d'étonnants tableaux d'atmos­phère comme ces scènes de dimanches que la version de Floréal ne donnait pas (je cite celles-là entre autres). Rien n'est oublié dans cette monographie. Voici les disputes, les gosses malades qu'on emmène à l'hôpital Claude-Bernard, près des fortifs, la garderie d'enfants de l'assistance publique, où le « Roussi » va conduire sa nichée, en attendant que revienne sa femme qui va avoir son huitième gosse. Voici Nan­terre, où sont les vieux. C'est toute la vie de la banlieue industrielle et la plus terrible image de la vie prolétarienne des villes est peut-être celle qui sa dégage de ce livre puissant, sans amertume et plein de santé... »

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